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What's Wrong, Veronica?

Série : Veronica Mars
Création : 09.04.2007 à 22h19
Auteur : Bzzbzz 
Statut : Terminée

« Episode complet, saison 1, après le 118 » Bzzbzz 

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Episode complet qui commence juste après le 118.
Librement adapté.
Pas de spoiler sur les saisons 2 ou 3.

La suite sera ajoutée régulièrement.


Bzzbzz  (09.04.2007 à 22:21)
What’s Wrong, Veronica ?  


Logan m’a embrassée. Hier après-midi, tandis qu’il comptait me sortir du guêpier dans lequel je m’étais encore fourrée, Logan m’a embrassé. Enfin… j’ai commencé et… il a enchaîné. Bref, un baiser réciproque. Dans lequel on s’est lancé tous les deux. Moi la première, c’est vrai, mais au final…. Enfin je m’égare là. Toujours est-il que depuis hier après-midi, nous ne nous sommes toujours pas parlé. Pire, il m’évite. Rien de vraiment très étonnant quand on connaît la relation que nous avions jusqu’à présent... 
 


Adossée à son casier, Veronica observait Logan agir comme si de rien n’était avec sa bande de O9ers. Il s’y attachait avec tellement de zèle qu’on aurait pu jurer qu’il ne l’avait pas vue le regarder. Quel comédien ! Ce devait être de famille. Veronica rit en secouant la tête et se décolla de l’acier qui martyrisait son dos pour prendre le chemin du cours de journalisme. Elle lui tourna le dos. Weevil la rejoignit au milieu du couloir.

- Dix contre un qu’il me lance l’un de ces regards de merlan frit.

- Qui ? demanda Weevil en guettant les alentours.

Logan eut juste le temps de regarder ailleurs quand il vit Eli se retourner.

- Rien, laisse tomber, conclut-elle. Laisse moi deviner. Tu as besoin de mon aide !

- Pas du tout, se défendit-il. Est-ce qu’un gars n’a plus le droit de dire bonjour à une amie ?

Veronica s’arrêta net et pencha la tête, l’air curieux. 

- Ca ne semblerait pas louche si c’était une chose que tu faisais régulièrement, or si je ne me trompe pas, ce n’est arrivé que…. (Elle réfléchit et fit mine de compter sur ses doigts)… oh c’est vrai : jamais !

- Ca va, ça va ! C’est bon, on sait que t’es douée Sherlock !

Veronica fit son sourire le plus fier et haussa des sourcils. Décidément, elle adorait qu’on reconnaisse son talent. (Et encore plus qu’on le lui dise !)

Elle reprit son chemin :

- Vas-y je t’écoute.

- Avec mes gars, on a entendu parlé d’un trafic de motos. Des grosses cylindrées. Pas du genre mobylettes et vieux scooters.

- Ca va, je sais ce qu’est une grosse cylindrée.

Weevil sourit d’un air plein de sous-entendus :

- Oui, c’est ce qu’on dit dans le coin en effet.

Veronica s’arrêta de respirer et le fusilla du regard.

- Si tu t’attends à ce que je te sois d’une aide quelconque, je te conseille de ne pas jouer à ça avec moi !

- Désolé, se reprit-il. Donc, j’ai appris que des vols à répétitions se faisaient en ville. Des vols plutôt bien organisés.

- Hey, ça va Clyde Barrow, arrête donc de t’envoyer des fleurs, lâcha-t-elle lasse.

- Non, Veronica, ce n’est pas moi !

- Alors quoi ? Tu veux que je trouve qui empiète sur tes plates-bandes pour que tu puisses reprendre ton réseau en main ? Désolée de te décevoir Weev’ mais je ne donne pas dans le contre-espionnage.

Sur ce, elle empoigna fermement la bride de son sac qui pendait à son épaule et accéléra le pas vers sa salle de cours.

 


Une heure de journalisme passa et pas un cheveu de Logan dans les parages. Ce petit jeu commençait à beaucoup l’amuser. Elle avait hâte de savoir si désormais il allait éviter tous les endroits où elle se trouverait. Neptune n’était pas si grand que ça en définitive et elle finirait bien par enfumer son terrier. La sonnerie retentit et elle se frotta vivement les mains. Il lui semblait que ses prochains jours allaient lui paraître plus drôles que d’habitude.

 


Wallace était déjà installé à leur table dehors. Il regardait les PCH et 09ers se lancer des regards et des pics à distance. Le spectacle quotidien de Neptune High en somme.

Veronica posa son plateau sur la table et s’assit en face de lui.

- Comment ? s’indigna-t-elle. Tu n’as pas pris le succulent chili du mercredi ??

Wallace dirigea alors son regard sur elle et sourit.

- Est-ce qu’un jour tu arriveras à seulement dire « Salut, comment ça va ? » en arrivant quelque part ?

- J’en doute, répondit-t-elle, les Mars ont toujours eu des difficultés de communication avec le monde extérieur.

Wallace déplia son sac en papier kraft et en sortit le sandwich et le gâteau que sa mère lui avait préparés tandis que Veronica trempait négligemment sa fourchette dans l’amas informe que représentait la nourriture de la cantine.

- Le jour où je pars de Neptune, c’est pour aller dans un autre pays ! Lâcha-t-elle avec dégoût devant son assiette.

- Et tu lâcherais tout ça ?? s’amusa-t-il. Les querelles débiles entre classes sociales, les ronflements de voitures rutilantes, les tenues de pompom girls…

- Ca, c’est toi que ça dérangerait, rigola-t-elle.

- Mieux encore, tu laisserais ton père et Mars Investigation ?

Veronica se mordit l’intérieur de la joue. Wallace avait vu juste.

- Alors peut-être une autre ville, abdiqua-t-elle.

- Tu es une vraie guimauve, Veronica !

Elle attrapa alors un haricot dans son assiette et le lança sur Wallace qui était en train de se marrer.

A quelques tables de là, Duncan et Meg roucoulaient tandis que Logan faisait le pitre pour ses camarades.

Un jour comme les autres !

 


Dans l’après-midi, Veronica se rendit au bureau de Mars Investigations. Comme d’ordinaire, elle y tint le standard et s’occupa de classer les affaires. Ce qui n’était pas la partie la plus intéressante de son travail. Mais depuis quelques temps, Keith ne lui laissait plus autant d’occasions d’enquêter qu’avant. Peut-être était-ce parce qu’il avait appris qu’elle fouillait dans son coffre pour y trouver de nouveaux éléments sur le meurtre de Lilly ? Elle avait l’impression que depuis le soir où il l’avait surprise, quelque chose s’était évaporé entre son père et elle : la Confiance avec un grand C. Il ne lui laissait donc plus que les recherches de routines, celles effectuées sur Internet pour un tarif de 75 dollars. Rien de bien amusant !

Heureusement, il lui restait encore les affaires que ses « «camarades » lycéens lui demandaient de bien vouloir résoudre. Des extras qui lui permettaient d’occuper son temps et qui lui rapportaient surtout un bon petit pécule.

 


Les écouteurs de son MP3 dans les oreilles, elle agrafait gaiement les factures de frais du dernier séjour de son père à Las Vegas en écoutant « Be Gentle With Me » de The Boy Least Likely To. (Ecouter). Le son du banjo et du xylophone lui faisait bouger la tête sans même qu’elle s’en rende compte.

Keith sortit de son bureau et surprit sa fille.

- Qui aurait cru qu’une punition puisse être aussi agréable !? lança-t-il avec froideur.

Veronica s’arrêta aussitôt de chantonner et retira doucement ses écouteurs. Elle paraissait désolée. Il mettait enfin un mot sur la relation qu’ils entretenaient ces jours-ci.  

- Alors c’était donc ça ! sourit-elle timidement. Moi qui croyais que Mars Investigations accusait une sérieuse baisse de régime ces derniers temps…

Voyant qu’il ne réagissait pas, Veronica se racla la gorge et baissa la tête devant l’échec cuisant qu’elle venait d’essuyer. Ce n’était décidément pas l’amour fou en ce moment.



  Il vaut mieux ne pas rester trop longtemps dans la même pièce qu’un Mars en colère. C’est une des choses que j’ai apprise durant cette dernière année. Beaucoup d’éléments m’ont permis de l’inscrire dans ma liste des règles d’or : Tout d’abord, la nouvelle de l’adultère de ma mère avec Jake Kane, puis la mort de Lilly et ensuite l’éviction du meilleur enquêteur du comté du bureau du sheriff. Vous pensez qu’à coté de ça, le fait de voir sa fille fouiner dans ses affaires est une moindre chose, n’est-ce pas ? Détrompez-vous. Chez les Mars, la famille c’est tout ce qui nous reste. Et j’aurais dû m’en souvenir bien plus tôt !
Maudite Veronica ! 


Promener Back Up était finalement la meilleure des choses à faire dans de telles circonstances. Veronica ne supportait pas de décevoir son père et encore moins de vivre avec cette culpabilité. Rester en sa compagnie était alors une torture. Voir sa relation privilégiée de père-fille reléguée au simple côtoiement lui vrillait le ventre.

Sur la plage où elle avait l’habitude de mener son chien, il n’y avait pas trop de monde.

Veronica se baissa pour ramasser un bout de bois flotté et le lança le plus loin et le plus fort possible. Back Up détala aussitôt. Elle se laissa alors tomber par terre et joua avec la laisse en attendant que le chien revienne, fier comme Artaban. 

- Yo Veronica !

Elle tourna vivement la tête et vit Wallace arriver en trottinant.

- J’ai toujours rêvé qu’un homme s’approche de moi en courant sur la plage, dit-elle en feignant l’idolâtrie.

Les mains jointent sur son cœur, le sourire niais et le regard perdu dans le ciel, Veronica soupira d’aise.

- Dommage que tu ne sois pas torse nu Wallace, conclut-elle plus amèrement.

- Tu ne peux pas continuer à me harceler comme ça, Veronica. On a dit qu’on en restait à MAPLV (*Meilleur Ami Pour La Vie).

- Oui mais c’est si dur, Wallace, agonisa-t-elle en s’agrippant à son pantalon.

Il se racla la gorge en se marrant et regarda autour de lui pour s’assurer que personne ne les fixait.

- Tu accordes beaucoup trop d’importance à ton apparence Wallace chéri, lâcha plus hautainement Veronica en se relavant et en frottant le sable des ses vêtements.

- Je sais, ma sœur, je sais…

Il entoura alors les épaules de Veronica avec son bras et lui frotta les cheveux avec son autre main.

- … Mais tout le monde ne peut pas oser se trimballer une tête pareille.

 

Quelques minutes plus tard, assis sur un banc de la promenade, Wallace et Veronica discutaient en surveillant Back Up de loin, quand un raffut se fit entendre. C’était plus exactement le bruit d’une énorme moto qui parvenait à leurs oreilles. Intrigués, ils se retournèrent et, sur le parking qui se trouvait juste derrière eux, découvrirent Dick Casablancas sur une Kawasaki aux allures de compétitions. Un petit attroupement de O9ers se fit aussitôt dans les environs mais Veronica parvint à tendre l’oreille lorsqu’il coupa son moteur vrombissant.

-  … Cet engin peut faire fondre toutes les gonzesses. Je te le garantis.

Dick leva la main et frappa dans celle de quelqu’un d’autre. La foule bougea un peu et laissa assez de place à Veronica pour voir qu’il s’agissait de Logan. Evidemment !!

Elle leva les yeux au ciel.

- Dis moi Wallace. Est-ce que, durant les courtes microsecondes pendant lesquelles mon cerveau s’est mis en berne, le monde est aussitôt retombé à l’ère de Cro-Magnon ? lança-t-elle assez fort pour que l’assistance l’entende.

Alors Logan l’aperçut et lui fit son sourire le plus sarcastique qu’il accompagna d’un petit salut de la main, comme s’il relevait son chapeau imaginaire.

- Je crois qu’on n’en est jamais sorti, conclut Wallace un ton plus bas.

Veronica secoua la tête devant tant de désolation.

Elle rappela Back Up et toujours en compagnie de son meilleur ami, se mit en route pour une destination un peu plus déserte. Mais en passant devant le groupe qu’elle voulait fuir, elle se résigna et s’arrêta au niveau du nouveau propriétaire de la moto et lui tapota sur le bras

- Dick, passe le permis piéton d’abord. C’est moins risqué.

Elle lui décocha un clin d’œil et s’éloigna.

  


Il était un peu tard lorsque Keith rentra du bureau. Veronica, vêtue d’un tablier de cuisine, était derrière les fourneaux depuis déjà plus d’une heure. Plutôt fière de ses prouesses culinaires, elle avait dans l’idée de faire plaisir à son père. Elle lui avait préparé un poulet au curry. Plat qu’ils avaient coutume d’aller manger au restaurant Thaï du coin.

Elle sortit le plat du four et le posa sur le bar qui séparait la cuisine du salon.

- Tu rentres à pic. Le poulet est cuit à point. Un rien caramélisé sur le dessus et juteux à souhait. J’ai eu un mal de chien à me retenir de le manger plus tôt. On va se régaler.

Keith posa sa mallette sur la table du salon et s’assit sur le canapé.

- J’ai déjà mangé au bureau. J’ai encore du travail, jeta-t-il comme un robot en ouvrant son attaché-case.

Veronica resta sans voix. Elle ne s’était pas rendue compte de la tournure qu’avaient réellement pris les choses. Il était vraiment en colère. Pire, il était vexé !

Blessée, Veronica regarda son poulet avec tristesse. Elle n’avait plus faim. Mécaniquement, elle vida le contenu du plat dans un Tupperware et plaça le tout au frigo. Elle posa enfin son tablier sur le comptoir et se rendit dans sa chambre. Keith ne la regarda même pas.

 


Elle se laissa tomber sur son lit, mit son lecteur dans ses oreilles et croisa les mains derrière sa tête. Dans l’obscurité, les reflets de la piscine de l’immeuble ondulaient sur le plafond, perdant Veronica dans une contemplation profonde.

 Si lui mijoter l’un de ses plats préférés ne suffit pas, alors  il va alors falloir se creuser davantage la cervelle.


Pourtant Dieu sait que le seul fait de cuisiner relève déjà du surhumain. Il va falloir trouver plus gros, Veronica. Beaucoup plus gros !
… Peut-être qu’un poney ferait l’affaire ?

Bzzbzz  (09.04.2007 à 22:28)

Après avoir vu les heures défiler et le jour pointer son nez, Veronica se décida à se lever afin de se préparer pour le lycée. Elle s’attarda un peu à la salle de bain puisqu’elle avait le temps ce matin-là. Et lorsqu’elle ouvrit le frigidaire pour se servir un jus de fruit, elle se rendit aussitôt compte qu’il manquait une aile au poulet qu’elle avait cuisiné la veille. Un sourire passa sur son visage. Tout n’était peut-être pas perdu. Son père n’avait finalement pas pu résister aux joies du curry et était passé outre sa fierté.

Elle referma la porte du frigo, se servit à boire, attrapa une pomme au vol et partit avant même que Keith ne soit réveillé.

 


Wallace émergeait tout juste de son sommeil de plomb quand il se redressa en sursaut sur son lit.

- Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il paniqué.

Il remonta la couette sur son torse nu tandis que Veronica était confortablement assise dans le fauteuil qui faisait face au lit.

- Je te regardais dormir, répondit-elle avec un sourire angélique. Tu viens d’ailleurs de me permettre de réaliser l’un de mes fantasmes les plus secrets.

Wallace la dévisagea, visiblement un peu effrayé.

- Comment t’es rentrée ? s’enquit-il en se rapprochant maladroitement du rebord du lit pour attraper son pull à capuche sans se découvrir.

- Ta mère m’a laissée entrer. Je lui ai dit que j’allais te préparer le petit déjeuner, minauda-t-elle en battant des cils à plusieurs reprises.

- J’espère au moins que c’est vraiment ce que t’as fait, râla Wallace en passant la porte de sa chambre.

Veronica se mordit la lèvre et regarda le plafond sans quitter son fauteuil.

- En fait… je me suis un peu perdue dans la contemplation du moment, lui répondit-elle en haussant simplement les épaules.

Wallace secoua la tête en levant les yeux au ciel et soupira :

- Tu me fais vraiment peur parfois.

 


Entre deux cours, dans la matinée, alors que Wallace était déjà à l’entraînement de basket, Veronica fouillait dans son sac à la recherche du manuel d’histoire dont elle allait avoir besoin dans les minutes à venir. Quand elle le trouva enfin (sacrée manie que de toujours garder son casier vide pour les inspections « impromptues » du sheriff !!), elle s’apprêtait à se rendre dans sa salle de cours. Mais elle croisa le regard de Logan qui lui rappela instantanément le baiser qu’ils avaient échangé l’avant-veille.

Surpris qu’elle le voie en train de l’observer, il détourna aussitôt les yeux et referma son casier d’un coup sec avant de se rendre dans les toilettes des hommes.

La situation parut amuser Veronica. Elle comptait bien profiter du moment.

 

Elle se précipita vers les toilettes des filles et accrocha son habituel papier ‘Out of Order’ sur la porte. Elle se rendit alors quelques secondes après Logan dans les toilettes pour hommes en fredonnant cette chanson de Dean Martin aux airs italiens que son père avait l’habitude d’écouter. Il lui semblait même entendre les mandolines. (Ecouter)


 Ting-a-ling-a-ling, Ting-a-ling-a-ling… 

- Qu’est-ce que tu fais là? se précipita de demander Logan en écarquillant de grands yeux lorsqu’elle poussa la porte.

Veronica regarda ironiquement autour d’elle.

- Quoi ? C’est à moi que tu t’adresses ? l’interrogea-t-elle à son tour en feignant l’étonnement.

Pris de court, il se racla la gorge et s’avança vers le lavabo pour se laver les mains.

- Ronnie, même si ton taux de virilité est plus haut que celui de Dick, il faut que tu gardes en tête que tu es une fille malgré tout, lança-t-il en tentant de garder tout son aplomb.

- Les toilettes des filles sont hors service, dit-elle en haussant les épaules, impuissante.

Logan sourit en coin alors qu’il s’essuyait les mains.

- Je sais par expérience que les toilettes des filles ne sont jamais hors service par hasard !

- Peut-être… Peut-être pas.

Elle se plaça alors à coté de Logan et se pencha au dessus des lavabos pour se voir dans la glace. Elle passa son index sur ses lèvres comme pour uniformiser son rouge à lèvre et occulta complètement sa présence.

Mal à l’aise, Logan prit la direction de la sortie.

- Oh, tu ne vas pas …? demanda-t-elle sans finir sa phrase en désignant les portes des toilettes avec ses deux pouces.

- Je n’ai plus envie, lança-t-il en quittant les lieux.


 Ting-a-ling-a-ling, Ting-a-ling-a-ling…That’s Amore…  


Vous trouvez que j’abuse, n’est-ce pas ? C’est vrai, je l’avoue, mais ça fait un bien fou. Logan a rendu ma vie infernale après la mort de Lilly. J’ai bien le droit à une petite vengeance…
Mais vous avez raison, ce n’est pas vraiment la raison pour laquelle je fais tout ça. Même si le faire tourner en bourrique est assez jubilatoire au fond. La vérité, c’est que je n’aime pas le voir jouer les victimes d’amnésie alors qu’il a sa part de responsabilité dans l’histoire. Certes j’ai fait le premier pas (sous le coup de l’emportement, je tiens à le préciser ! Car après tout, il venait de me porter secours, il y avait donc quelque chose du remerciement et du soulagement dans mon geste)  mais il m’a retenue par la suite alors que je me remettais à peine de mon impulsion. Il ne veut visiblement pas avoir à s’expliquer et c’est ça qui m’amuse le plus. Le voir se torturer les méninges pour m’éviter à tout prix alors que je ne tiens pas plus que lui à cette conversation. ‘Il faut qu’on parle’, cinq mots que je n’aime pas entendre.  



Après quelques interminables nouvelles heures de cours durant lesquelles, comme tout bon étudiant, elle n’avait pas fait que prendre des notes, elle se rendit sans guère plus d’enthousiasme dehors avec son plateau repas.

L’heure du déjeuner. Moment préféré des garçons et filles populaires pour se pavaner et arborer leurs points Pirates au nez des lycéens normaux.

- Encore pas de livraison de pizza pour toi, Veronica, murmura-t-elle en admirant son assiette qui, elle l’aurait juré, ressemblait comme deux gouttes d’eau à ce qu’elle avait mangé la veille mais qui portait pourtant un nom différent. Bizarre !

- Tu parles toute seule ? lança Wallace en s’asseyant à côté d’elle.

- Il faut bien que je palie à mon manque d’amis.

- Ce n’est pas comme ça que ça s’arrangera, rit-il.

Veronica regarda alors la table des O9ers et se souvint brièvement de l’époque où elle faisait partie des leurs. Le temps où Lilly était encore vivante. Le temps où elle menait tout le monde par le bout du nez. Lilly… Sa meilleure amie lui manquait terriblement. Et malgré tout, il fallait bien reconnaître que cette époque était définitivement révolue. Elle avait radicalement changé désormais.

Alors que Veronica était perdue dans ses pensées, Dick remarqua qu’elle regardait dans leur direction. Il sortit une petite carte de son portefeuille et la brandit à son attention, très fier de la contredire. Son permis moto, réalisa Veronica quand elle comprit qu’on lui faisait signe. Elle lui adressa alors un sourire exagéré et hautement ironique en levant son pouce pour lui montrer à quel point elle était ravie pour lui. 

- Mère nature, pour le bien de l’humanité, faîtes qu’il ne trouve jamais l’interrupteur de démarrage de sa moto, grommela-t-elle pour que seule Wallace l’entende.  


Mais l’arrivée subite du shérif Lamb l’empêcha de continuer ses sarcasmes. Tandis qu’il avançait avec sa dégaine de flambeur parmi les tables rondes, tous les regards étaient braqués sur lui. Et il adorait ça. Son éternel chewing-gum dans la bouche, de sa main droite il tenait l’arme attenante à son ceinturon et s’avançait vers Veronica avec cet air sarcastique qui le caractérise si bien.

Lorsqu’il arriva à son niveau, elle se leva alors aussitôt.

- Je l’avoue, je suis coupable. Arrêtez moi Shérif Lamb, dit-elle théâtralement en joignant ses deux poignets en attente de menottes. Qu’importe le délit, j’avouerai tout. Sortez moi le procès verbal que je le signe tout de suite !

- Désolé, Veronica, mais aujourd’hui j’ai ferré un plus gros poisson.

- Ahh la jeunesse, continua-t-elle en soupirant. Elle n’est plus ce qu’elle était.

Elle se rassit alors et le laissa continuer son chemin.

- Pour une fois que j’étais consentante ! Conclut-elle en haussant les épaules.

 


Don s’arrêta quelques secondes plus tard, à la table des PCH. Il dégaina ses menottes (qu’il rêvait de faire dorer à l’or fin et graver à son nom) et récita machinalement :

- Eli Navarro, vous êtes en état d’arrestation. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous…

Weevil serra les dents et se contint. Il secoua la tête de colère et se leva.

Lamb lui attacha les mains dans le dos.

- Vous faîtes une grave erreur, se contenta-t-il de dire aux forces de l’ordre.

Alors que le sheriff et son adjoint l’entraînaient vers leur voiture, Weevil jeta un regard sombre à Veronica.

- Merci, articula-t-il à son encontre sans prononcer un son.

Elle resta imperturbable mais se sentit mal intérieurement. Elle ne connaissait pas suffisamment Eli Navarro pour jurer son innocence mais en revanche elle connaissait suffisamment Lamb pour juger de son incompétence. Quelque chose au fond, lui disait que l’affaire n’était pas claire du tout.

 

Lamb a encore une fois réussi à attirer les moqueries sur les Latinos en menant une action de force à l’heure où toutes les classes sociales sont réunies en un seul et même lieu.
Quand réussiras-tu enfin à dominer cet ego surdimensionné, Don ? La discrétion n’est définitivement pas ta marque de fabrique. Et quelque chose me dit que je vais encore une fois devoir te botter les fesses en public et me mettre en quête de la vérité. Comme si je n’avais déjà pas assez à faire avec le meurtre de Lilly. Evidemment, comment pourrait-il le savoir puisque pour lui l’enquête s’est close le jour où il a bêtement arrêté Kuntz sans se rendre compte que les preuves avaient été truquées.    

Aff, j’aime à croire que cette ville serait dans le chaos si je n’étais pas là. (Mon ego ? Il va bien, merci !)


Bzzbzz  (11.04.2007 à 20:52)

Le silence qu’avait occasionné cette démonstration de virilité n’était naturellement pas total. Quelques idiots se marraient à s’en décrocher la mâchoire.

Veronica surprit (encore aurait-il fallu qu’ils s’en cachent) Dick et Logan se tapant dans la main. Avaient-ils un quelconque rapport dans l’histoire ?

 Grand Dieu ! Routine, routine, routine. Y aura-t-il un jour un autre mot pour qualifier ma vie ?!

 Veronica sortit son téléphone de son sac et fit sa sélection dans sa liste de numéros abrégés. - Cliff ? C’est Veronica. - Tu peux me rendre un service ? la singea Wallace à mi-voix. Elle n’y porta pas attention et se concentra sur son interlocuteur.

- Tu peux me rendre un service ?... Un ami a des problèmes. Lamb vient de l’embarquer au poste. Tu peux m’y rejoindre ?... Merci Cliff, t’es le meilleur !

Et elle raccrocha.

- Alors comme ça, tu es amie avec les bikers maintenant ?!

- J’ai dit ça moi ? s’enquit-elle en lui souriant.

- Tu sais…, l’interpella-t-il en se grattant le menton avant qu’elle ne parte, je viens de remarquer quelque chose.

- Quoi mon frère? Demanda-t-elle en jouant les dures. Que le ciel est bleu quand il fait beau ? Que le rap ça craint et que le rock ça pète ? Ou bien que je suis blonde ?

- Que tu es dépendante de beaucoup de personnes pour mener tes enquêtes, termina-t-il sans se démonter par le jeu de son amie.

- Un bon détective a forcément de bons indics’. Mais tu es celui que je préfère ! Conclut-elle en lui pinçant la joue.

- Tâche de t’en souvenir !!

Veronica attrapa rapidement ses affaires et s’éloigna d’un pas rapide.

- Et pour l’amour de Dieu, ne m’appelle plus « mon frère » ! lui lança Wallace avec dégoût.

 

- Hey Veronica !

Lorsqu’elle pénétra dans le bureau du shérif, Leo l’accueillit avec un sourire radieux. Elle se sentit alors gênée. Comment avait-elle pu omettre Leo dans l’équation de sa vie actuelle ? Plusieurs jours qu’elle ne lui avait pas donné de nouvelles après quelques sorties en tête à tête.

En une fraction de seconde, elle décida de mettre tout ça au placard le temps qu’elle sorte Weevil des tentacules de Don. Avec un peu de chance, elle en aurait pour quelques jours.

- Qu’est-ce que tu viens faire là pendant tes heures de cours ?

- Techniquement, répondit-elle avec le sourire, je suis censée manger à cette heure-ci.

- Bon, ça va pour cette fois. Mais ne t’avise pas de recommencer ! rigola-t-il.

Veronica détourna le regard pour faire mine d’observer les alentours en reprenant un ton sérieux.

- Tu as vu Cliff McCormack dans les parages ?

Leo eut un rictus un peu amer.

- Quel idiot ! Moi qui croyais que tu venais pour me rendre une petite visite.

- A vrai dire, je viens voir Weevil, avoua-t-elle en grimaçant.

- Evidemment. Pourquoi viendrais-tu sinon ?! se résigna-t-il en secouant la tête.

- Je suis désolée Leo, se morigéna-t-elle.

- C’est bon, ça va, finit-il par lâcher en haussant les épaules, Je te préviens quand j’en sais plus.

Veronica le regarda tristement s’éloigner dans les couloirs de l’établissement. Un poids venait soudain de s’abattre sur ses épaules.

Elle s’assit sur un banc et patienta. Elle attendit plus d’une heure.

Cliff avait rejoint le sheriff dans une salle aseptisée et avait interrompu l’interrogatoire en demandant à s’entretenir avec son client comme la loi le prévoyait. Inutile de préciser que Lamb n’était pas ravi de voir l’homme de loi se mêler à la conversation. Car, dès lors, l’enquête allait traîner en longueur.

Après avoir orienté Weevil dans ses réponses, Cliff le fit libérer pour manque de preuves et ils rejoignirent Veronica sur le parvis.

Elle remercia encore une fois Cliff de lui avoir sauvé la mise et se concentra sur Eli. Elle s’entretint alors avec lui comme elle aurait dû le faire la fois où il lui avait demandé son aide. Il lui apprit tout ce qu’il savait sur ce fameux trafic de motos. Autant dire pas grand-chose.

Veronica devait malgré tout trouver quelque chose sur quoi faire reposer l’enquête. Trouver un commencement.

Il lui fallait se procurer la liste complète des victimes et des véhicules dérobés. Et qui mieux qu’Inga pouvait la renseigner à ce sujet ?

 

Non sans un peu de scrupule, elle prit son ton le plus chaleureux pour lui faire croire que la demande venait de son père. Inga n’avait jamais pu rien refuser à ce cher ex-sheriff. Elle la soupçonnait même d’en pincer un peu pour lui.

En dix minutes à peine, elle était en possession d’une copie des documents et buvait un café au volant de sa voiture pendant qu’elle les examinait.

Soudain, un détail la marqua.

 Mr Sinclair, O9er, Kawasaki bleue… Tiens tiens ! Quelle coïncidence. Quelques jours après la déclaration de vol de cette moto, mon ami Dick Casablancas se retrouve comme par hasard en possession d’une moto correspondant en tout point à la description de l’objet du délit. Bizarre ? Vous avez dit Bizarre ? Une petite vérification à la source s’impose.

Bzzbzz  (15.04.2007 à 16:37)

Elle ne mit vraiment pas longtemps à mettre la main sur cet énergumène blond. « Pour savoir où trouver Dick, penser comme Dick », résuma-t-elle simplement. Pas besoin d’ailleurs de faire le tour du dictionnaire pour résumer la liste des choses auxquelles ce jeune homme ‘plein d’avenir’ s’intéressait.  Filles et surf étant les deux seuls mots qu’elle ait pu noter, elle se rendit simplement sur la plage la plus populaire de Neptune. Après s’être garée sur le parking, elle le trouva aussitôt, près de la cabane de contrôle.

Dick y exécutait son petit rituel  à la lettre. D’abord il aborda une fille en maillot de bain (bien sûr !), puis lui vanta les mérites de son bolide flambant neuf, l’attira jusqu’à ce dernier, chevaucha sa bécane et fit enfin glousser la bimbo. Le tout sous les yeux incrédules de Veronica. Comment tout ça pouvait encore marcher de nos jours ?!

Mais quelques minutes plus tard, Logan se joignit au duo et Dick parut alors un peu déçu de l’arrivée de son ami. Sans doute parce que la jeune femme semblait davantage s’intéresser aux bruns qu’aux blonds. (Eh oui ! Dommage Dick ! )

En revanche, la chance sembla à nouveau lui sourire quand, dix minutes plus tard, Logan s’éclipsa pour disparaître derrière la cabane des sauveteurs. Il regagna ainsi toute l’attention de sa sirène.

Veronica leva à nouveau son appareil photos et prit des clichés de la moto et Dick sous toutes leurs coutures.

 

Tout d’un coup, la porte s’ouvrit du coté passager et Logan s’installa à coté d’elle. Elle sursauta. Trop absorbée par son enquête, elle ne l’avait pas vu faire le tour du cabanon pour se rapprocher de la voiture.

- Il faut que tu arrêtes Veronica ! Ca en devient vraiment gênant, dit-il avec de grands gestes. Je sais que j’ai un charme fou et que je te plais. Je l’ai compris. Mais les photos, la filature, tout ça…c’est un peu trop !

Il fallut un temps à Veronica pour comprendre ce qu’il se passait.

- Tu crois que je te suis ?! rit-elle en écarquillant de grands yeux.

Logan ne tint pas compte de sa réplique et continua son laïus.

- J’ai discuté avec Trina et j’ai réussi à lui soutirer le numéro de son psy. Je pense vraiment qu’il pourra t’aider.

- C’est très gentil de te préoccuper de moi Logan, dit-elle ironiquement, mais ce n’est pas toi que j’avais au bout de mon fusil.

Attendant une explication, il ne répondit rien.

- Bon, Narcisse, c’est pas que tu m’ennuies mais je travaille, là. Alors je te serais gré de me laisser faire ce que j’ai à faire. Et entre nous, juste pour éclaircir les choses, ce que je surveille en ce moment, ce n’est pas ton minois, mais plutôt celle que Dick tient entre ses cuisses. Tu vois ? Expliqua-t-elle en pointant la moto du doigt. La cylindrée bleue sur laquelle il est assis.

Logan orienta son regard dans la même direction qu’elle et vit son meilleur ami essuyer un refus catégorique de la naïade qu’il convoitait. Mais, contrairement à d’habitude, cette vue ne l’amusa pas car il avait déjà autre chose en tête.

- Tu penses que Dick a volé cette moto?? demanda-t-il tout à coup plus sérieux et étonné.

Veronica le regarda mais ne répondit rien. Il comprit alors autre chose.

- Et tu penses que j’y suis mêlé aussi, conclut-il en riant jaune.

Un silence d’une poignée de secondes s’abattit sur la LeBaron de Veronica. Puis elle se ressaisit et dit vivement :

- Ecoute, je ne te demande rien. Alors sors juste de ma voiture et laisse moi finir mon boulot.

- J’ai mieux que ça.

Logan descendit de la voiture et en fit le tour devant le regard interrogatif de Veronica. Il ouvrit alors sa portière.

- Pourquoi tu ne viendrais pas relever le numéro de série par toi-même? 

 

- Yo mec ! Qu’est-ce que tu fais avec V ? demanda Dick en les voyant s’approcher cote à cote. Est-ce que c’est la journée mondiale de la charité ? Parce que sinon j’aurais vraiment dû refiler de l’argent à ce clochard tout à l’heure.

- Figure-toi que je viens d’apprendre que Ronnie adore les motos. Et encore plus les chiffres qui se trouvent dessus. Je n’ai pas très bien compris, grimaça-t-il comme s’il s’en fichait un peu, une histoire de loto il me semble.

Veronica n’écoutait pas. Elle était déjà à quatre pattes en train de relever le numéro de série. Elle griffonna les chiffres sur son calepin et se releva sans perdre de temps.

- Trop aimable, lança-t-elle alors qu’elle prenait la tangente.

Dick plissa les yeux.

- Elle est vraiment bizarre cette fille, marmonna-t-il en la regardant monter dans sa voiture.

Logan leva les yeux devant la crédulité de son ami.

 
Après réflexion, mon hypothèse n’était pas si logique que ça en réalité. Dick n’est pas le genre de type à avoir besoin de voler pour obtenir ce qu’il veut. Et même sous prétexte de son petit cerveau, il n’est pas assez bête pour se balader avec une moto volée dans le quartier- même où elle a été dérobée. Dick, l’argent il ne le vole pas, il le jette par les fenêtres. Ma suspicion ne tenait donc pas debout. Encore une fois, Veronica tu t’es laissée entraîner. Il faut alors que tu reprennes l’enquête à sa base : Weevil !

Bzzbzz  (20.04.2007 à 22:35)
L’ambiance n’était pas aussi festive que d’ordinaire chez les Mars, Veronica n’eut alors aucun mal à renoncer au repas en famille ce soir-là. Elle préférait encore manger seule et inconfortablement.
Assise au volant de sa voiture, elle mangeait un sandwich avec Wallace.
- Passer la soirée avec toi est toujours aussi original. Tu ne m’avais encore jamais appelé pour planquer en face de chez Weevil.
- Rien n’est pire que la routine, souviens toi de ça. Rien n’est pire que la routine, lui confessa-t-elle dramatiquement.  
- Là-dessus, il n’y a pas de problème, je te fais confiance ! Baragouina-t-il avant de fourrer son sandwich tomate mozzarella dans sa bouche. 

 Après avoir passé un moment à regarder le néant des quartiers malfamés de Neptune aux côtés de Veronica, Wallace se décida enfin à rentrer chez lui. Contrairement à Keith, sa mère n’actionnerait pas simplement le GPS de secours pour retrouver son enfant. C’est tout le bureau du shérif qu’elle réveillerait pour avoir des réponses. Et il ne tenait vraiment pas à voir ça. Il tapota la tête de Backup et partit en petites foulées jusqu’à sa voiture.
Veronica le regarda s’éloigner avec un sourire tendre. Même si elle ne le lui disait jamais, elle appréciait cette relation tacite qu’ils entretenaient. Et depuis que leurs parents avaient fricoté ensemble, elle se sentait encore plus proche de lui. Elle savait qu’elle pouvait vraiment compter sur lui.
Ce moment qu’ils avaient passé à ne rien faire n’en était-ce pas la preuve ?
 
Son manuel d’anglais sur les genoux et son appareil photo sur le siège passager, Veronica jonglait habilement entre révisions et enquête tant qu’il faisait encore jour. Lorsqu’un individu apparaissait dans les parages, elle lâchait tout pour se munir de son arme favorite au cas où la scène serait intéressante. Mais malgré le parcours de la grande aiguille sur l’horloge de sa voiture, il ne s’était rien passé de palpitant et elle avait, à contrecœur, passé plus de temps à revoir ses règles de grammaire qu’elle ne l’aurait voulu. Heureusement, lorsqu’il avait enfin fait nuit noire, elle avait eu une excuse pour cesser d’être une bonne lycéenne. Elle ne pouvait pas décemment enquêter en laissant le plafonnier éclairé.  Sa discrétion était en jeu.  

Encore plusieurs heures passèrent et pas un seul mouvement de Weevil. Le mouchard qu’elle avait posé sur sa moto n’avait pas signalé le moindre déplacement et se trouvait donc toujours dans le garage du motard. Seule attraction au tableau, sa grand-mère qui était sortie pour mener la poubelle à la benne. Même pas de quoi occuper cinq minutes du temps de Veronica.
Bien qu’elle ait prévu une thermos de café pour la tenir éveillée, l’attente se faisait de plus en plus longue. Heureusement, elle avait toujours un album de Snow Patrol dans ses affaires de secours en cas de planque interminable.
Le temps qu’elle se baisse pour fouiller dans la boîte à gants et qu’elle se redresse, une silhouette la fit sursauter et Backup grogna sévèrement. C’est seulement ensuite qu’elle reconnut le Shérif Lamb, accoudé au toit de sa voiture, le nez presque collé à la vitre.
Elle calma son souffle et baissa la glace comme Don le lui demandait avec sa main en faisant mine de regarder les alentours.
- Shérif, s’exclama-t-elle avec force. Quel honneur de vous voir de ce coté-ci de la ville en pleine nuit. Et en civil en plus ! Je crois bien ne vous avoir jamais vu autrement qu’en uniforme. Vous êtes….différent, sans votre révolver. Très jolie cette cravate texane, au passage.
- Ce n’est pas un quartier fréquentable pour une jeune fille, Veronica.
- Et pourtant, quelque chose me dit que je m’y rends plus souvent que vous. Je me demande bien ce qu’on peut en déduire… insinua-t-elle en se mordillant ingénument le doigt.
- Arrête de faire la maligne et dis moi plutôt ce que tu fais ici, lança-t-il légèrement agacé par son attitude.
- Il me semble que dans le manuel du parfait policier on appelle ça «  filature » ou bien « surveillance ». Mais vous devez déjà le savoir, n’est-ce pas ? Je crois d’ailleurs qu’en temps normal c’est justement votre job.
- Je ne savais pas qu’on trouvait aussi le diplôme de détective dans les pochettes surprises. Mais ceci explique bien des choses. Je comprends mieux maintenant comment ton père se l’est procuré.  Mais puisque tu es là, tu n’auras qu’à me faire un résumé. Mes heures sup’ ne sont plus justifiées et il y a une retransmission de boxe sur le canal 4. J’avais envie de le regarder. Tu n’auras qu’à passer me voir au bureau demain.
Lamb tapa deux coups sur le toit de la voiture et s’éloigna comme il était venu. A pied et dans le noir de la rue.
- Compte là-dessus, grommela-t-elle après son départ.
Veronica regarda sa montre. Il était près de deux heures du matin. 

  Au petit matin, alors que le soleil pointait à peine sur le haut de la colline,  les premiers rayons n’avaient encore éveillé personne. Pas même Veronica qui s’était finalement assoupie  sur son siège (Elle n’avait, semble-t-il, pas encore acquis l’expérience de son père de ce coté là).
On toqua soudain à la vitre et la jeune enquêtrice se réveilla en sursaut. Tout comme son chien qui avait finalement piqué un petit somme.
Elle se saisit instinctivement de son arme électrique et regarda enfin qui la dérangeait en plein sommeil. Backup aboyait comme un forcené et commençait déjà à baver. Weevil était penché sur la portière et l’observait avec un sourire railleur.
- Oh ! Tout doux ! la calma-t-il en voyant l’objet qu’elle avait dans les mains. Je t’apporte un petit remontant.
Il leva alors une tasse de café fumant dans son champ de vision.
- Backup ! Couché ! dit-elle sèchement à son fidèle compagnon tandis qu’elle baissait sa vitre.
Alors qu’elle récupérait le breuvage, elle demanda :
- Qu’est-ce que tu fais debout si tôt ?
- Je te retourne la question, dit-il sérieusement.
- Je me baladais, tenta-t-elle avec un sourire.
Mais Weevil n’était pas dupe.
- Alors c’est à ça que tu passes tes nuits.
- Décevant, n’est-ce pas ! On dirait bien que ça ruine un peu toutes les rumeurs qui circulent à mon sujet, hein ? ironisa-t-elle.
- Pourquoi tu m’espionnes ? demanda-t-il enfin, sincèrement étonné. Je croyais que tu cherchais le vrai coupable. Tu me suspectes encore ?
- Ne vois pas ça comme de l’espionnage mais plutôt comme un service que je te rends. Tu pourras d’ailleurs me dire merci quand tu voudras.
- Alors tu es restée ici toute la nuit en attendant qu’il se passe quelque chose ? demanda-t-il en passant volontairement sur la pointe d’humour de la jeune fille.
- En quelque sorte…
Weevil secoua la tête. Il ne comprendrait décidément jamais cette petite intrépide. Mais il était certain que si elle agissait ainsi, c’est qu’elle avait ses raisons. Elle avait toujours de bonnes raisons !
- Entre une minute. Je vais te faire un truc à manger, dit-il en soupirant.
Un sourire naquit doucement au coin de la bouche de Veronica.
- Tu m’invites à entrer ? Quel gentleman. Qui l’aurait cru…
- Lilly… Elle, elle l’aurait cru, lâcha-t-il en prenant la direction de la maison de sa grand-mère.

Bzzbzz  (23.04.2007 à 21:53)

Après avoir fait la connaissance de la grand-mère de Weevil (le reste de la famille dormant encore), Veronica se fit une nouvelle idée du leader du gang des motards. Ce colosse au cœur tendre avait en effet une vision de la famille semblable à la sienne. Tout du moins semblable à la relation qu’elle avait en temps normal avec son père. Eli était prêt à tout pour satisfaire les siens et l’idée même de voler n’était pas envisageable pour subvenir à leurs besoins.

Son petit tour des choses fait, elle avait avalé un bagel en vitesse et une fois sa tasse de café terminée, avait prétexté une broutille pour quitter les lieux et ne pas les envahir plus longtemps.

Elle avait repris sa voiture et quitter le quartier des PCHers sans même se retourner. Elle profita ainsi du calme du lever du jour pour promener Backup. Son fidèle protecteur avait du rester toute une nuit à l’arrière de sa voiture à cause d’elle. Le sortir un moment était la moindre des choses. Et cette petite échappée lui était bénéfique à elle aussi. Un besoin urgent de se dégourdir l’avait envahie. Elle fit alors son traditionnel petit tour du coté de la plage et se posa un moment dans le sable. Ce petit entretien avec Weevil l’avait faite réfléchir. Il fallait vraiment qu’elle arrange les choses avec son père. Elle ne pouvait décidément pas vivre en froid avec lui éternellement. C’était contre-nature sur la planète Mars. Et dans cette ville où son simple nom de famille lui attirait les foudres de Jupiter, elle avait enore plus besoin de lui à ses cotés. Elle osa même imaginer un instant que son père aussi avait besoin d’elle. Elle en était convaincue. Ils avaient toujours fonctionné comme ça. Un sourire fugace passa sur le visage de Veronica lorsqu’elle repensa à cette phrase qu’il affectionnait tant « Qui c’est ton héros ? ». Evidemment que c’était lui !

 Il était presque six heures lorsque Veronica se décida enfin à rentrer chez elle. Elle ne pouvait pas repousser le moment indéfiniment, il fallait qu’elle se douche et se change avant de rempiler pour une journée de cours. Elle détacha la laisse de son chien en descendant de la voiture et monta doucement les marches qui la menaient à leur appartement. Quand elle ouvrit la porte, elle resta pétrifiée quelques secondes en voyant Keith assis sur le canapé. Il avait dû s’assoupir car sa posture laissait entendre qu’il était resté ainsi toute la nuit. Elle n’avait pas pensé à cette éventualité lorsqu’elle avait décidé d’éviter le domicile parental. Il était évident que Keith, détective de profession, allait se fait un sang d’encre en ne la voyant pas rentrer de la nuit.
  Mais à quoi tu pensais Veronica ?
 

Elle se mordit l’intérieur de la joue et ferma délicatement la porte avant de traverser le salon sur la pointe des pieds en guettant le moindre grincement.

- Tu comptes t’en sortir comme ça ? la rappela son père alors qu’elle allait gagner le couloir.

Veronica relâcha tous ses efforts et laissa tomber ses bras le long de son corps. Elle avait perdu la bataille.

Elle se retourna à contrecoeur et lui fit face. Il était toujours assis sur le sofa et la dévisageait avec un regard perçant.

- Où étais-tu ? l’interrogea-t-il sans hausser la voix mais d’un ton qui ne lui disait rien de bon.

Il avait toujours eu le don de foutre les jetons sans s’en donner l’air.
Habituellement, c’étaient les criminels qui en profitaient. Rarement elle.

- J’étais avec Wallace, mentit-elle.

- Et tu ne rentres que maintenant ?

- On avait une expérience à mener. Et je me suis endormie.

Après tout elle ne mentait pas vraiment puisque Wallace avait vraiment été avec elle une partie de la soirée et que ce fut une réelle expérience que de passer une nuit complète dans sa voiture. Enfin c’est ainsi qu’elle réussit à se convaincre.

En prétextant la compagnie de Wallace, elle espérait gagner un peu de temps avant que son père n’aille vérifier sa version des faits. Car elle savait que depuis qu’Alicia et lui avaient rompu ils n’avaient guère plus de contact. Tout du moins plus aussi spontanés qu’avant. Elle pensait alors avoir le temps d’avertir son meilleur ami avant que Keith ne décroche son téléphone, ne réveille toute la maisonnée des Fennel et n’interroge son ami et sa mère par la même occasion.

- La prochaine fois, préviens-moi si tu dois passer la soirée dehors. Je suis encore ton père !

Keith se leva et partit dans sa chambre en claquant la porte. Il avait l’air vraiment en pétard.

- Evidemment que tu l’es encore, pensa-t-elle tristement en le regardant lui tourner le dos une nouvelle fois.

 Quoi de plus normal pour une jeune fille de 17 ans vivant sous le toit de son père que de se faire enguirlander après être rentrée très tard ( ou très tôt, tout dépend du point de vue…). J’aurais dû le voir venir. Mais j’avais sans doute d’autres préoccupations en tête. (Non, pas celles auxquelles vous pensez !). Pourquoi me suis-je figurée que si mon père me faisait la tête il se contrefichait alors complètement de ce qui pouvait m’arriver ? Je lui ai, en plus de ça, menti… Mais que valait-il mieux ? Que je lui avoue avoir surveillé Weevil toute la nuit dans le quartier le plus mal famé de Neptune alors qu’il m’avait expressément interdit d’enquêter sur quoique ce soit ou bien transformer un peu la vérité et omettre quelques informations?
On est d’accord !!


- Alors, tu as trouvé quelque chose ?
Wallace se trouvait à côté de Veronica depuis une petite minute et pourtant il n’obtenait toujours aucune réponse. Elle était assise à un bureau de la salle d’anglais, le regard vide, et ne bougeait plus.
Depuis le bureau voisin, Wallace se pencha et claqua des doigts sous le nez de la jeune fille à plusieurs reprises. Veronica se réveilla enfin.
- Tu disais ?
- Je me demandais si tu tiendrais vraiment toute une nuit à surveiller Weevil. Je crois que j’ai ma réponse.
- Je te conseille de ne pas me titiller aujourd’hui. Ce n’est vraiment pas le jour.
Wallace rit devant la tête de son amie et se replaça en face du tableau lorsque le professeur entra. Sa ténacité l’étonnait encore.
 

Sa feuille de contrôle sous les yeux depuis plusieurs minutes, Veronica ne réussissait pas à se concentrer. Tout en regardant sa copie, elle plissa les yeux pour tenter de reprendre le dessus. En vain. Quand soudain, un objet vola à travers les rangées pour se poser sur son bureau. Elle vérifia d’abord que Mr Blumberg ne se soit rendu compte de rien, et une fois fait, elle s’empara de la chose pour la détailler. Une petite boite d’allumettes. Elle regarda d’abord Wallace qui s’était aperçu de rien. Elle en déduisit alors qu’il n’était pas le responsable. Elle observa à nouveau la boîte, la retournant dans tous les sens afin de vérifier qu’elle ne contenait pas d’informations complémentaires. Rien. Le plus discrètement possible, elle tourna la tête de tous les côtés dans l’espoir de trouver quelqu’un qui la regarderait.
Pas manqué !

Dick lui faisait son sourire à cent dollars en remettant, d’un coup de tête, sa mèche sur le coté. Il ouvrit de grands yeux et fit mine de s’y placer des allumettes pour tenir ses paupières ouvertes. Il lui décocha enfin un clin d’œil accompagné d’un petit claquement de langue et d’un doigt pointé vers elle. Veronica soupira tandis que Dick se retournait vers ses copains pour se faire congratuler. 
Pas destabilisée pour autant, elle déboucha lentement son stylo et inscrivit le numéro de téléphone de Dick sur la boîte d’allumettes. Elle désigna l’objet à l’envoyeur pour qu’il reconnaisse son propre numéro, et fit enfin parvenir l’innocente petit boite à sa voisine de devant. Rebecca, la fille la plus introvertie du lycée. Cette fille dont les 09ers se moquaient parce qu’elle portait des lunettes épaisses comme le bottin.
Quand Dick réalisa ce que Veronica venait de faire, son visage se décomposa littéralement. Elle lui fit alors son plus beau sourire, remit sa mèche en place d’un coup de tête et fit claquer sa langue en le désignant du doigt comme il l’avait fait quelques secondes plus tôt pour elle.
Et lorsque Rebecca se tourna en direction de Dick, les joues rouges et la tête basse, Veronica, contente d’elle, réajusta sa veste avant de se replonger dans son test d’anglais.
 
On dirait bien que tu n’as pas vu Laurel et Hardy dans L’arroseur arrosé, mon petit Dick. Quel dommage qu’il n’y ait que Bob l’éponge qui trouve intérêt à tes yeux !

Bzzbzz  (28.04.2007 à 18:50)

L’avantage de cette petite incartade avec Dick était qu’il avait réussi à la réveiller un peu. Au moins le temps de l’examen. Une fois les cases toutes cochées, elle était sortie de cette salle pour s’installer dehors. Cette heure de battement allait lui permettre de vérifier les informations qu’elle avait récoltées la veille sur la moto de Dick.

Veronica sortit son ordinateur et, par un habile procédé qu’elle tenait de Mac, réussit à se connecter au Wi-Fi du lycée. Ce cher Mr Clemmons n’imaginait pas à quel point il lui rendait service !

Elle pianota les données sur le site qu’elle avait l’habitude de consulter (que ferait-elle s’il n’existait pas !!) et reçu alors toutes les confirmations qu’elle souhaitait. Date d’achat, numéro de carte bancaire utilisée, magasin de vente… et si elle le souhaitait, avec un peu d’astuce, elle trouverait même le nom du vendeur.

Veronica posa son menton dans sa main et soupira. L’affaire n’était donc toujours pas résolue. Dick n’avait même pas été victime d’une revente comme elle l’espérait. Elle laissa tomber sa tête sur la table. Le sommeil l’accablait. Elle profita du calme du moment pour se reposer.

Plus le temps passait et plus les environs se remplissaient de lycéens.
Endormie, la jeune fille ne levait pourtant pas la tête. Les gens qui circulaient à proximité ne se formalisaient pas mais elle attirait parfois des regards curieux. Seule la sonnerie la sortit de sa sieste. Comme d’habitude, elle ne prêta pas attention aux remarques qu’elle générait et se contenta de se rendre en cours, d’un pas lent. 

Encore un cours de sciences sans intérêt durant lequel on leur demanderait de réaliser une expérience sans intérêt avec un camarade sans intérêt. La vie de lycée était terriblement intéressante, pensa-t-elle en baillant. Cependant, son cynisme fut récompensé quelques minutes plus tard, lorsque Lamb et son chien (un vrai !) entrèrent dans le laboratoire.


Qu’est-ce qu’on vous fait aujourd’hui ? Une petite fouille de casiers, une descente de chiens renifleurs, une vérification des papiers ?...
Est-ce qu’ils n’ont rien de plus important à faire que de venir tous les jours au lycée public de Neptune ??J’ai bien en tête un certain meurtre qui demanderait à ce qu’on se creuse un peu plus la cervelle !
 

Après avoir chuchoté quelques mots à l’oreille du professeur, le shérif invita Weevil à se lever pour sortir.

Assis au fond de la salle, les pieds sur la table, Eli soupira.

- Qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui. ? Voler le sac d’une petite vieille ? Railler la voiture du maire ?

- Cette fois je t’arrête pour de bon. Alors soit tu viens jusqu’à moi sans faire d’histoire, soit on lâche le chien et il se chargera de t’immobiliser lui-même.

Weevil sourit.

- Je mettrai ma main au feu que ce chien est plus doux que vous ! Peut-être même plus intelligent…

L’assemblée ricana et Weevil se leva enfin. Lamb le menotta (non sans le bousculer un peu).

- Vous croyez vraiment que j’ai volé ces motos ?

- J’en ai la preuve.

Weevil eut un nouveau rictus.

- Alors si vous en avez la preuve! Vous savez ce qui est génial avec vous, c’est que je pourrais être accusé de tous les maux de la Terre que ça ne vous dérangerait même pas. Je sens que d’ici quelques minutes, vous allez m’accuser d’avoir inventé la bombe nucléaire, le Sida et le terrorisme.

Et ils disparurent dans les couloirs. Veronica ne savait quoi penser. Elle l’avait surveillé toute la nuit et elle ne l'avait pas vu bouger. Comment pouvait-il s’être rendu coupable de ce crime ? Quelque chose n’était pas clair et elle devait savoir quoi. Elle laissa juste le temps au professeur de calmer la classe et prétexta une envie pressante pour s’éclipser un instant.

Elle se rendit aux toilettes et attrapa son téléphone.

- Cliff ? Que dirais-tu d’un dîner à la meilleure table de Neptune contre un petit service ? demanda-t-elle un sourire contraint dans la voix.


Bzzbzz  (01.05.2007 à 14:05)
Une fois l’heure de cours terminée, Veronica prit le chemin de sa voiture pour se rendre aussitôt au bureau de son père. Elle ne tenait pas à le rendre fou de rage à nouveau. Désormais, dès les cours finis, elle se rendrait à Mars Investigation et se ferait douce comme un agneau.

Elle sortit les clés de son sac tout en s’approchant de sa décapotable et trouva Logan appuyé contre le capot, le pied posé sur la roue. Elle s’arrêta net. Elle allait peut-être prendre un peu de retard finalement.

- Est-ce que ton but est de ressembler à ces pin-up de calendrier ? Parce qu’autant te le dire tout de suite, tu n’en as pas le physique !

- Merci. Toi aussi tu resplendis aujourd’hui.

- Excuse-moi, l’interrogea-t-elle en prenant l’air interloquée, est-ce qu’on se fait des politesses désormais ? Parce qu’au plus loin que je me souvienne, ce n’était toujours pas le cas.

- Je ne fais que passer, répliqua-t-il en se redressant.

- Dans ce cas merci d’avoir pris des nouvelles.

Veronica s’avança vers sa portière et mit la clé dans la serrure.

- J’ai malgré tout une petite question, dit Logan en retirant la brindille qu’il avait dans la bouche.

- Evidemment ! lança Veronica en se tapant le front comme si elle ne l’avait pas vu venir. Si c’est pour le bal de promo, je suis désolée mais il est hors de question que je me sacrifie pour y aller avec toi. Cependant rassure-toi, tu as encore quelques semaines, pour te trouver une cavalière, conclut-elle en lui tapotant l’épaule.

Logan rit.

-T’es mignonne, grimaça-t-il.

- Maintenant il faut vraiment que j’y aille.

Elle grimpa dans sa voiture et s’installa au volant. Lorsqu’elle eut refermé sa portière, Logan se baissa au niveau de la vitre et lui fit signe de la baisser.

- Tu es tétu ! affirma-t-elle après avoir descendu la glace.

- Dis moi ce que tu as trouvé pour la moto de Dick.

- Oh tiens ! Ca par exemple ! s’amusa-t-elle. Tu sembles moins convaincu de la fiabilité de ton pote tout d’un coup.

- Dis-moi simplement si sa moto a été volée ou non, lui demanda-t-il, le regard inquiet. Je me contenterai de ça.

Veronica se mordit l’intérieur de la joue pour se contenir. Logan avait l’air sincèrement préoccupé, il n’aurait pas été bien de se jouer de la situation.

- Tout est en ordre pour Dick, dit-elle sobrement.

Il se redressa pour dégager le passage et elle put démarrer. Il resta quelques instants, les mains dans les poches, sans bouger. Sans doute soulagé que son ami ne trempe pas dans une sordide histoire de recèle.

Peu de temps après, Veronica entrait dans l'antre du travail bien fait. Un sac en papier à la main.

- Je suis là ! Lança-t-elle en passant le couloir.

Elle s’installa à son bureau et attendit que son père sorte du sien pour lui donner son déjeuner.

- Salade de thon et sandwich au poulet, dit-elle avec le même ton chantant que la vendeuse avait utilisé quelques minutes plus tôt.

Mais ça n’avait pas eu le résultat escompté avec son père.

- Merci, dit-il simplement en attrapant le sachet et en posant un dossier sur le bureau. Il me faut le dossier Skimerhorn, il doit arriver d’une minute à l’autre.

Et il retourna dans son bureau sans plus de cérémonie.

- Mais bien sûr papa, chuchota-t-elle, de rien papa. C’est toujours un plaisir de travailler pour toi…

Elle chercha la pochette contenant les divers papiers du client, la posa devant son père et retourna à sa place en soupirant.


Rien à signaler. Toujours pas d’amélioration de ce coté là. Combien de jours compte-t-il me faire subir ce sort atroce ? Et surtout, combien de jours tiendra-t-il encore ? Jouer les pères outragés doit finalement être aussi pénible que de jouer les filles modèles. Il doit lui falloir une sacrée dose de détermination pour réussir à ne pas me demander « qui est son héro » à tout bout de champ.
 

Un homme poussa la porte en verre du cabinet et se présenta, la coupant ainsi dans ses réflexions.

- Entrez, Mr Mars vous attend.

Dès qu’il passa de l’autre coté, Veronica s’affala contre le dossier de son fauteuil en cuir et regarda pensivement l’étalage de papier devant elle. Elle grimaçait parfois sans s’en rendre compte.

Par bonheur, elle fut à nouveau déranger, l’empêchant ainsi de pousser trop loin son introspection. Cliff referma la porte vitrée derrière lui.

- Je sens que je vais me régaler ce soir ! lança-t-il à la cantonade.

Veronica vérifia d’un coup de tête que la porte du bureau était bien fermée afin que rien de cette conversation ne parvienne aux oreilles de son père.

- Encore merci Cliff pour le coup de main. Je te revaudrai ça.

- J’y compte bien !

- Qu’est-ce que tu as pu apprendre ?

Cliff s’assit en face d’elle et respira longuement.

- Ton ami s’est fourré dans une sacrée panade.

Veronica fronça les sourcils.

- C'est-à-dire ?

- Lamb a, Dieu sait comment, réussi à obtenir un mandat de perquisition et a trouvé chez Eli Navarro une moto fraîchement volée dans son arrière-cour.

- Chez lui ? lui demanda-t-elle de répéter.

- C’est ça.

Sa main parcourut son front. Elle avait tant de questions en tête.

- Comment est-ce possible ? pensa-t-elle à voix haute.

- Eh bien, en général, ça se passe de cette façon : le type se balade, tombe sur quelque chose qui l’intéresse, consulte la partie de son cerveau qui lui dit que « voler c’est amusant », commet le vol et rentre chez lui pour dormir.

Veronica ne l’écoutait plus. Elle était déjà debout et regroupait ses affaires.

- J’imagine qu’il est en cellule… Pas de liberté sous caution possible cette fois.

- Tu imagines bien, petite Veronica. Tu iras loin !

Elle se dirigea vers la sortie et se retourna au dernier moment.

- Dis à mon père que… (Elle réfléchit quelques secondes), que le principal m’a appelée et qu’il veut me voir.

Cliff grimaça, ce n’était visiblement pas une bonne idée d’après lui. Mais elle n’en tint pas compte et ouvrit la porte d’entrée. Voyant qu’elle allait s’en aller sans qu’il reçoive son gain, elle se précipita enfin :

- Et où est-ce qu’on mange ??

Veronica s’arrêta à temps et sourit.

- Sois à la maison à 18h, répondit-elle avec un clin d’œil avant de partir pour de bon.

- A la maison ? répéta-t-il pour lui en réalisant qu’il s’était fait avoir par une gamine de 17 ans. « La meilleure table de Neptune », tu parles !


Bzzbzz  (05.05.2007 à 15:27)
Il y avait beaucoup de choses qui clochaient dans cette affaire. A vrai dire, rien ne tournait rond.

Elle avait du mal à avaler le fait d’être restée plantée toute une nuit dans sa voiture pour apprendre quelques heures plus tard qu’elle s’était faite avoir.

 

Au poste, elle demanda à voir Lamb. Ce shérif si cher à son cœur.
Evidemment, elle dut rester un bon moment assise dans le fauteuil qui faisait face à son bureau avant de le voir apparaître.

Il s’arrêta dans le chambranle et la regarda en plissant les yeux :

- Laisse-moi deviner… Tu ne te souviens pas de la nuit dernière et tu cherches ta petite culotte !

Veronica ouvrit la bouche puis la referma sans rien pouvoir répliquer. Un sourire forcé se forma sur ses lèvres tandis qu’elle calmait sa respiration.

- J’espère que vous ne réservez pas le même accueil à toutes les filles !

Lamb avança finalement jusqu’à son bureau et se mit à l’aise. Il posa ses pieds sur le secrétaire. Sa façon bien à lui de montrer qu’il était le chef.

- Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Veronica ? s’enquit-il en plaçant ses mains derrière sa tête.

- Comment était le match ?

- Quel match ? demanda-t-il, perdu.

- Le match de boxe. Celui qu’il ne fallait surtout pas rater !

- Oh ! Celui-là ! se souvint-il. Cassius Clay gagne toujours !

- Ca devait valoir le coup de regarder un match qui date de plus de 40 ans…

Lamb retira ses pieds de son bureau et s’installa correctement. Elle avait apparemment gagné toute son attention désormais.

- Je repose ma question ! Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il alors qu’il commençait à perdre patience.

- Ce n’était pas exactement la question que vous aviez posée, mais je vais quand même répondre, s’amusa-t-elle en haussant les épaules. J’aimerais voir Weevil. Et j’aimerai par la même occasion avoir des informations sur la moto retrouvée chez lui.

- Rappelle-moi quand tu as obtenu ton diplôme de Droit et de criminologie ?

Elle se contenta de lui sourire.

- Weevil ne peut voir que son avocat. Tu aurais pu lui en choisir un meilleur au passage ! Et les pièces du dossier ne peuvent être consultées que par les autorités. Je ne crois d’ailleurs pas trop me tromper en affirmant que tu es loin de pouvoir en faire un jour partie. Corse un peu le café la prochaine fois que tu comptes planquer toute une nuit. J’ai comme l’impression que tu as fermé les yeux un petit moment hier soir !

Don se leva de son fauteuil et se dirigea vers la porte pour l’ouvrir.

- Tu feras mieux la prochaine fois, rit-il tout en lui faisant comprendre qu’il était temps qu’elle s’en aille.

Veronica prit son sac et, en soupirant, se résolut à partir.

 Tentative de simplification ? Echouée !
 J’espérais pouvoir gagner un peu de temps en risquant le coup directement auprès de Lamb mais c’est encore une fois raté. Il faudra bien qu’un jour je me fasse à l’idée qu’il n’y a rien à tirer de lui (Tout du moins pas tant qu’il en est conscient). Il ne me reste plus qu’une solution : Brosser Inga dans le sens du poil.


Pourquoi Lamb s’évertuait-il à lui mettre des bâtons dans les roues puisque Veronica réussissait toujours à obtenir ce qu’elle désirait ? Un petit sourire innocent, une ou deux questions bien tournées sur ses enfants et Inga lui mangeait dans la main à chaque fois.

 

Bien que la curiosité la démangeait, elle ne céda pas à l’envie de lire le dossier que lui avait photocopié sa complice. Il lui fallait retourner d’urgence à Mars Investigations si elle ne voulait pas que Mars entame justement les investigations. Elle savait que si elle commençait à lire ces nouveaux éléments, elle se mettrait dans de sales draps puisqu’elle perdrait toute notion du temps. Elle devait absolument refaire une apparition au bureau avant d’aller préparer le repas qu’elle avait promis à Cliff.

  

Il était presque six heures et tous les plats étaient au four. Veronica retira le tablier que son père avait l’habitude d’utiliser et s’installa sur le canapé. Elle fouilla dans son sac et en sortit un dossier. Backup la rejoignit et se colla à elle alors qu’elle allait parcourir les diverses feuilles.

Mais on frappa à la porte.

- Désolée Backup, dit-elle en le poussant pour qu’elle puisse se lever. On remet ça une prochaine fois. 

Elle se dirigea vers la porte et ouvrit à Cliff.

- Bienvenue à la meilleure table de la ville.

- C’est bien la seule fois que tu m’auras aussi facilement Veronica ! Souviens-t-en.

La jeune fille sourit et referma la porte derrière lui.

- Ton père n’est pas là ?

- Pas de panique, ce n’est pas un dîner en tête à tête. Il ne devrait pas tarder. J’ai été une gentille fille sage aujourd’hui. Pas de raison qu’il soit en retard.

Cliff la dévisagea, l’air complètement égaré.

- Rien, laisse tomber. Des broutilles de famille. Je te sers quelque chose en attendant ?

- Un Scotch s’il te plait!

Veronica le servit et ils s’installèrent autour de la table basse du salon.

- Qu’est-ce que tu as trouvé comme prétexte pour expliquer ma présence ici ?

- Un exposé sur le Droit américain.

- Vraiment ? Tu n’avais pas plus original ?

- C’était ça ou bien je lui dis que tu as pleuré sur mon épaule à cause de la trop lourde solitude que tu portes depuis si longtemps.

- Ca va, ça va, abdiqua-t-il. La première version est la meilleure finalement.



Bzzbzz  (10.05.2007 à 16:10)

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